Scène septième, ÉPIPHANIE
Le soleil pointe à l’horizon et l’air, chargé de nappes brumeuses, est visiblement frais. On entend les oiseaux qui accueillent mélodieusement le retour de la lumière. La modeste habitation tout de bois construite se tient au milieu de la végétation tel un temple en l’honneur de Dame Nature. Cette dernière se manifeste depuis les fondations jusqu’au toit, d’où pendent de généreux colliers de lierre et autres plantes grimpantes lasses de s’élever. La quiétude est troublée par un bruit étouffé qui nous parvient depuis l’intérieur puis par le grincement du bois humide des gonds. François apparaît torse nu, vêtu d’un ample pantalon en lin et le visage portant les stigmates d’un sommeil trop lourd. Il baille bruyamment et s’étire avec une nonchalance féline puis descend un peu plus bas sur la colline, affectant une certaine indécision dans le choix de la direction à suivre. Après quelques pauses contemplatives, tantôt dirigées vers les nuages, tantôt vers un bosquet à l’aura mystique, il parvient au bord d’une falaise où il s’assied en tailleur une fois les environs dûment appréciés. Il ferme les yeux et plonge dans une stase méditative, ses autres sens grand ouverts. Petit à petit, comme si frêlement supporté par la brise naissante, le spectre d’une voix presque familière et distante vient lui caresser le flanc gauche. L’onde fluctue et certains des mots sont entraînés par des bourrasques fugitives vers le large et lui sont ainsi inintelligibles.
Jeanne – … la grâce du souffle … … Il emporte son char par-delà les… et y répand … qui fuient pris d’une confusion aveugle… dans quelque refuge charnel … Alors, abandonnant son trône… gravit les escaliers … la perpétuelle révolution de la … puis surgit l’aube… se fait cendre de l’immense brasier … tandis que l’ombre et ses … à la certitude et à l’acquiescement de … … , silencieusement. Enfin règne la paix.
Bien que la voix se soit tue, François reste immobile et un long moment s’écoule avant qu’il n’ouvre les yeux pour découvrir que Jeanne est agenouillée non loin, les mains jointes, la tête baissée et les yeux clos. Ses longs cheveux dansent légèrement avec le vent. Alors, elle s’éveille à son tour pour rencontrer le yeux humides et le visage empreint de peine de François.