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Scène huitième, MANUSCRIT

Quelques semaines se sont écoulées depuis que François a regagné la chaleur de son foyer. Bien vite, il avait repris ses habitudes et embrassait de nouveau la routine qui emportait ses jours. Le voici donc qui, par un calme après-midi, abat quelques arbres dans la vallée qui manqua d’être sa sépulture il y a peu. Cette fois-ci, néanmoins, Claire est à son côté et ne se fatigue pas à masquer un certain ennui.

François, reprenant son souffle et s’essuyant le front – Je t’en prie, Claire, je ne te demande pas de m’aider à amasser ce bois, mais tu pourrais tout de même te me montrer un peu plus enthousiaste au plein air. Tu passes la majeure partie de ton temps dans les murs de la maison et les rares fois où tu t’aventures dehors, tu ne peux t’empêcher de critiquer tout ce que tu perçois. C’est comme si tu détenais un tableau d’un monde aux traits rassurants et que tout ce qui t’est nouveau n’est que l’œuvre d’un peintre désabusé qui n’a que faire de la fidélité de ses reproductions.

Claire, se levant et plissant ses grands yeux inexpressifs – Où vas-tu donc chercher ça ? Je ne suis pas si négative que tu veux bien l’admettre. C’est juste qu’il n’y a rien à faire ici.

François – S’agit-t-il tant de faire que d’abandonner son action au cœur de la nature ?

Claire – Il s’agit plutôt de devenir aussi ennuyeux que les arbres qui t’entourent, hein ? Tout le monde n’est pas un vieil ours mal léché qui se sent plus à l’aise perdu et seul dans une sombre forêt que prenant part à une discussion animée.

François – Allons bon.

Il se remet à asséner d’énergiques coups de hache sur le tronc de l’arbre et ne cesse qu’après un bon moment.

Claire – Dis, il y a quelque chose dont je devrais te parler. J’ai trouvé ça dans ta veste le soir où tu es rentré. Je ne l’ai pas montré à maman de peur qu’elle s’inquiète, mais peut-être cela pourra t’aider à rafraîchir ton souvenir de l’autre nuit. Je l’ai gardé tout ce temps pour essayer de le déchiffrer, mais mes tentatives furent vaines. Peux-tu m’expliquer ?

Tout en parlant, elle sort de sa poche une petite plaque de bois finement taillée, presque polie, arborant de chaque côté un long paragraphe de caractères illisibles car minuscules. Seuls deux mots ressortent plus clairement au coins des paragraphes : l’un débute par “Amor Fati” tandis que le second, au verso, s’achève par “Amor Solis”.

Claire – Y comprends-tu quelque chose ?

François, scrutant l’objet attentivement sous tous ses angles – Je dois avouer reconnaître le travail de mon couteau… Mais Diable ! je me souviendrais si j’avais mis tant de soin et de minutie à confectionner et perfectionner cet objet, quoi qu’il puisse signifier. N’est-ce pas ?

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